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Une corruption préoccupante au Guatemala

Près de 1 500 conflits (1 425) sur des terres autochtones, des lois non respectées, un système juridique inopérant, voire corrompu, un État inexistant, des défenseurs des droits menacés, emprisonnés, morts. Et tout cela entre grandes entreprises économiques auxquelles il existe des sociétés étrangères transnationales, notamment espagnoles.

C’est le portrait accablant que la journaliste spéciale des Nations Unies de l’ONU, Philippine Victoria Tauli-Corpuz, a fait du Guatemala, au sujet duquel elle a publié un rapport. C’est le même pays pour lequel le président Jimmy Morales a récemment expulsé de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) car il enquêtait sur le financement de sa campagne électorale. La CICIG dépend de l’ONU et Morales assure le corps qui « s’immisce » dans la souveraineté nationale, ce que son secrétaire général, Antonio Guterres, a démenti.

Le Guatemala a claqué la porte

« Le Guatemala continue d’être capturé par des réseaux criminels »

En fait, il suffit de traverser des régions telles que Alta Verapaz pour faire face à une catastrophe: rivière polluée, centrales hydroélectriques asséchées, lits de grandes plantations de canne à sucre ou de palmiers africains, routes détruites, écoles en ruines … Tauli-Corpuz n’a besoin que de 10 jours rassembler un bon nombre d’atteintes aux droits des peuples autochtones.

La publication, qui a coïncidé avec l’expulsion d’Iván Velásquez, responsable de la CICIG, conclut que les Indigènes, soit 42% de la population, n’existent pratiquement pas pour leur gouvernement. Maintenant, la dernière mesure de Morales sur la CICIG, annulée par la Cour constitutionnelle, les a jetés à la rue avec des milliers de paysans, d’ouvriers et d’étudiants. C’est la goutte qui a rempli le verre de patience d’un peuple qui en a marre de ce qu’il appelle «le pacte corrompu».

Tauli-Corpuz a rencontré 10 000 Mayas, Xinca et Garífuna autochtones et a constaté que leur situation n’avait pas changé depuis 15 ans, en dépit du fait que le Guatemala avait ratifié la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les peuples autochtones. Cependant, il a constaté que toutes les lois qui les protègent sont paralysées et ne progressent que par le biais d’une plainte devant la Cour constitutionnelle. Ni le médiateur pour les femmes autochtones, ni celui du Fonds pour la Terre, ni le plan de réparation pour les conflits armés ne disposent de ressources suffisantes pour répondre à leurs demandes. En 32 ans, le Fonds n’a servi que 16 000 familles qui ont réclamé des terres aux 800 000 demandeurs.

S’opposer au pillage de l’intérieur n’est pas facile. Tauli-Corpuz décrit comme « extrêmement préoccupant » le fait que l’État et les entreprises considèrent les manifestations pacifiques comme des « situations de conflit pénal affectant la sécurité publique »

Il se plaint également que cela favorise le titre des terres autochtones à des tiers: les problèmes des communautés contrastent avec les facilités offertes aux grandes entreprises, qui obtiennent des concessions de la part de l’État pour des projets ne contrevenant pas à la convention de l’OIT.

Dans des départements tels que Alta Verapaz, des cas tels que ceux des centrales hydroélectriques OXEC ou Renace sur la rivière Cahabón constituent pour le rapporteur des exemples clairs de violation des droits. Chez OXEC, il s’étonne que la Cour constitutionnelle n’ait pas suspendu les travaux après avoir reconnu une illégalité. Et voit également des problèmes à Renace ou dans des mines telles que San Rafael, des projets dans lesquels il n’y a pas eu de consultation et un grand conflit social.

Que dire de l’expansion des monocultures, pour lesquelles il n’y a pas de relogement des personnes touchées: elles sont expulsées et s’ils reviennent, elles sont considérées comme des usurpateurs. Il n’est pas surprenant que des milliers de familles se retrouvent dans des caravanes de migrants vers le puissant voisin américain.

Selon Udefegua, 22 défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés en 2018 au Guatemala. Presque tous, pour leurs revendications envers les entreprises et pour leur défense de la terre ou de l’eau

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